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  • Photo du rédacteurChristophe Roux-Dufort

Quelques enjeux spirituels post-pandémie


Alors que le Québec est entré de plein fouet dans la pandémie, des voix se lèvent déjà pour envisager la sortie de crise. C’est une bonne chose. Voir plus loin que les statistiques ou les contraintes du confinement est une excellente façon de prendre du recul pour mieux traverser l’épreuve.


Le psychiatre et neurologue allemand, Victor Frankle, avait d’ailleurs observé que ceux qui dépassent des épreuves très difficiles ont bien souvent le sentiment qu’ils ont encore quelque chose à faire dans la vie, une tâche à accomplir. Un destin qui se dessine au-delà des obstacles qu’ils ont à franchir. La question reste posée pourtant de l’attitude avec laquelle nous déboucherons de cet épisode. Hélas, la possibilité que nous en sortions tels que nous y sommes entrés n’est pas mince. Sans avoir pris le temps, alors qu’il ne manque pas, de tracer justement un avenir qui démontrerait que cette interruption de service n’a pas été vaine. Nous ferions une erreur de croire que le bilan attendra que la situation revienne à l’équilibre.


La sortie de crise se prépare dès maintenant. Après il sera trop tard. Les affaires reprenant leur cours, la frénésie du rattrapage effacera notre mémoire et laissera dans nos tréfonds le goût âcre d’un mauvais rêve et d’une opportunité ratée alors que cette crise nous impose justement des conditions de vie sans précédent propices à la préparation d’une suite.

C’est pourquoi cet avenir aussi redoutable qu’espéré se dessine maintenant au cœur de nos maisons. Comment? Ironiquement en écoutant attentivement les consignes du gouvernement qui en lançant trois mots d’ordre — l’état d’urgence, le maintien des activités essentielles et le confinement — jette les fondements d’un véritable écosystème du changement en nous invitant à prendre la mesure de ce qui compte vraiment pour mieux vivre.

L’état d’urgence par exemple rebrasse la carte de nos priorités et nous place devant le miroir de nos urgences fabriquées qui nous tiennent à l’écart de la longue vue et de ce qui donne un sens à nos existences. Avec la montée des enjeux vitaux de survie s’effondrent ces fallacieux impératifs qui surchargent habituellement nos vies.


Ces fausses urgences qui nous disculpent de nos lâchetés, nous dispersent et nous épuisent en asséchant nos besoins, nos envies et notre soif de sens. Elles s’effondrent pour que surgissent les vraies urgences, celles de bien vivre, nourries par ce qui pour chacun de nous, redevient précieux.

Le maintien des activités essentielles de son côté a fait le tri entre ce qui est central et ce qui ne l’est pas. Nous nous voyons ainsi retirer ce qui jusqu’à présent fondait nos importances : le travail, la liberté de mouvement, la vie sociale, l’hyperconsommation.


En devenant moindres, nous sommes invités à être plus, parce que lorsque l’importance s’efface, il ne reste que l’essentiel.

Alors que nos épaisseurs sociale et professionnelle nous maintiennent généralement en surface, une occasion unique de nous approfondir nous est offerte d’introduire dans nos vies confinées des activités propices à cette entrée en intimité avec nos sensibilités, nos émotions, nos inspirations, notre créativité, seule source intarissable des idées neuves et ambitieuses, matière inestimable d’un nouveau redémarrage.

Enfin le confinement qui met un coup d’arrêt au bruit et à l’agitation du monde, est une occasion de bénéficier d’un inimitable écosystème dans lequel l’immobilité et le silence invitent à la présence, cet état d’être dont nous sommes désespérément en quête et dont le succès de la pleine conscience par exemple, témoigne éloquemment. C’est depuis cette présence et cette attention à nous-mêmes que nous porterons d’autant plus de soin aux autres et que nous trouverons de vrais élans de solidarité auprès de ceux qui devront être aidés sur les ruines de nos économies secouées.

En déclarant le mode survie, la pandémie nous invite à découvrir la vie et ce qu’elle recèle d’essentiel pour que la sortie de crise nous offre un autre avenir que celui qui nous guidait. Au fond de nos maisons, soyons d’ores et déjà les changements que nous voulons voir dans le monde. La sortie de crise se prépare maintenant.

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